La déconnexion volontaire aux TIC
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Au travail 24H sur 24 grâce à Internet et au mobile
18/04/11
Publié par Thierry Venin sur son blog le 11/04/2011: http://www.cooldone.com/blog/
La laisse électronique est abordée par le supplément Campus à l’édition du Monde du 29 mars.
On y trouve les témoignages de Robert, informaticien, de syndicalistes CGC (notamment à propos des sociétés internationales avec le flot ininterrompu jour et nuit en raison des décalages horaires) ; les pics des consultations de messagerie du dimanche soir pour éviter le flot du lundi matin (CFDT).
Sont aussi abordées, les mesures prises chez 3M avec prise de position de la directrice du développement des compétences sur l’instantanéité et la réserve du secrétaire du CHST quant à l’efficacité du droit à la déconnexion instauré.
Quelques exemples d’accords d’entreprises (FT, Arc International, Société Générale avec point de vue du DRH) et les doutes des syndicats sur la sincérité et/ou l’efficacité des mesures prises.
On y trouve par la voix du dr Salengro la revendication de la prise en compte du smartphone comme un temps d’astreinte.
Et enfin l’expérience de la journée sans email chez Canon France est relatée.
Au total, saluons un article de Nathalie Quéruel très riche en informations !
Non déconnexion au travail: à qui la faute?
18/04/11
Emportables partout, les technologies de la communication sont un vrai fil à la patte pour les cadres. Le cordon est très difficile à couper. On incrimine souvent ces technologies d’être à l’origine d’un nouvel esclavagisme. Peut-on approuver de cette accusation ? Sont-elles les seules responsables de la non-déconnexion des cadres au travail pendant le temps libre ?
Être « cadre » se caractérise par un grand dévouement à l’entreprise, parfois au détriment de sa vie privée. La durée de travail des cadres est impossible à déterminée. D’où une contractualisation au forfait-jour.
Mais, depuis l’expansion des technologies de l’information et de la communication (Internet, messagerie instantanée, Iphone,…), cette implication se renforce. Beaucoup de cadres continuent à travailler après leurs 8 heures de travail notamment à cause de l’accroissement du volume de travail par ces technologies de communication.
Selon l’enquête commandité par la CGC (diapositive « Influence des TIC sur le stress au travail) en novembre 2010, environ 83% des cadres français questionnés affirment que les outils de communication accroissent le volume d’informations à traiter et 80% disent que ces outils poussent à traiter des informations en dehors de l’entreprise et des horaires de travail.
La difficulté de se déconnecter du travail est amplifiée avec ces nouveaux outils d’information et communication.
Mais en réalité, sont-elles fautives de cette non-déconnexion ? D’autres réalités professionnelles souvent oubliées sont à considérer…
Le contrôle temporelle
Le contrôle de la durée du temps de travail (Stratégies de contournement de la durée du travail)peut expliquer la difficulté de la non déconnexion. Des sociétés étendent le principe du taylorisme dans la profession des cadres. Ainsi, ils doivent pointer à leur arrivée et à leur sortie de l’entreprise. Le but est de respecter la durée légale du travail inscrite dans le Code du travail (13 h maximum de travail quotidien). Ces contraintes de mesure du temps donnent parfois lieu à des stratégies de contournement. Par exemple, le salarié peut emporter son travail chez lui, car la masse de travail ne peut être condensée en 8h. Autre stratégie de détournement est la pratique du « débadgeage » est assez répandue : le cadre fait semblant de quitter l’entreprise en pointant à la sortie, et il retourne immédiatement à son poste de travail pour continuer. Autre stratégie de détournement : emporter son travail au domicile, possible avec les technologies de la communication.
La compétition
La concurrence entre les entreprises (4.2.3. Travailler à développer les usages) est un facteur important à prendre en compte. Cette situation peut empêcher les cadres à couper de leur travail pendant les vacances. Ils se sentent obligés à se relier à leur entreprise, à leurs équipes par le biais des mails ou des coups de téléphone pour rester au courant des initiatives de leurs pairs et de leurs concurrents. C’est une manière de raccrocher le wagon en route plus facilement et rapidement. Un gain d’efficacité et de résultats, nécessaire à une situation de concurrence.
Les buts de travail
Les objectifs de travail sont une cause importante de la non déconnexion. Souvent jugés irréalistes par les cadres dans les délais imposés, ces objectifs provoquent une surcharge de travail. Une charge telle que celui-ci s’immisce au domicile pendant le temps libre. Selon le sondage de la CFE-CGC « Baromètre Stress, vague 10 », (pdf, p.11), 35% des cadres questionnés (échantillon de 1016 personnes) considèrent les objectifs de la direction « plutôt pas réalisables ».
Un management mis en cause
La pression temporelle, les objectifs irréalisables et la course au gain de productivité et aux résultats face aux concurrents construisent une situation de non déconnexion au travail. Finalement, les technologies n’ont rien à voir, la cause principale est le management pratiqué dans l’entreprise.
Tout un chacun peut couper avec ces outils de communications. Mais au risque et péril du travailleur. Certains cadres réussissent à dire non et à poser des limites. Une action vue de mauvaise oeil par la direction car elle est considérée comme rebelle. « Quand les cadres se rebellent », ouvrage écrit par deux sociologues, David Courpasson et Jean-Claude Thoenig décrit plusieurs cas de rébellion. Ils montrent que ces actes sont loin d’être des pétages de plomb mais une révélation d’un management trop hégémonique.
Publié par cleliagauthier le 06/04/2011 sur la blog de la Licence professionnelle Journalisme : http://lpjournalisme2011.wordpress.com/2011/04/06/non-deconnexion-au-travail-a-qui-la-faute/
Avec les outils mobiles, la vie professionnelle se déverse dans la sphère privée
28/03/11
Article publié en ligne par Marc-Eric Bobillier Chaumon le 28/12/2010 sur le site du Monde : http://solutionsauxentreprises.lemonde.fr/grandes-entreprises/avec-les-outils-mobiles-la-vie-professionnelle-se-deverse-dans-la-sphere-privee_a-11-181.html
Interruptions répétées, multi-activité, visibilité permanente, vie privée empiétée : les technologies de l’information de la communication (TIC), notamment mobiles, ont un profond impact sur le travail des cadres. Au point de transformer les qualités professionnelles que l’entreprise attend d’eux.
Le nomadisme et la mobilité redessinent largement le travail des cadres. D’abord, il faut observer que ces technologies sont souvent imposées, avec pour but de rapprocher les cadres des clients, de décloisonner les services et les structures, de susciter de nouvelles synergies entre les partenaires de travail et aussi d’économiser sur les surfaces de bureau. Si la mise en place de ce bureau permanent, sorte de fil à la patte, sert donc une vision, les conditions réelles dans lesquelles cette mobilité s’exerce sont souvent mal évaluées. Car, en mobilité, c’est le contexte qui détermine les outils et les usages. Ils seront différents selon qu’on se trouve chez soi, dans un train ou face à un client.
L’autre difficulté à laquelle sont confrontés les cadres concerne la nature même des objets ou technologies employés pour créer ce bureau permanent. Concrètement, ce sont les mêmes dispositifs que ceux utilisés dans la vie privée. On parle d’objets frontières. Le meilleur exemple étant un smartphone comme le Blackberry, où se mélangent usages professionnels et personnels. Via ces objets frontières, on assiste à un déversement du temps de travail sur l’espace privé, un phénomène que nombre de cadres ont du mal à gérer. Finalement, on voit se reproduire les travers de la messagerie d’entreprise – sollicitations permanentes, dispersion des tâches, sentiment de débordement, etc. – mais exportés en dehors de l’organisation. A tel point que certains parlent de Crackberry, pour désigner un syndrome frappant des salariés déstabilisés par les sollicitations constantes de leur Blackberry. Car, avec ce type d’outils, se déconnecter devient plus difficile que se connecter. De plus, c’est un outil de valorisation et de gratification sociale qui n’est distribué qu’au cadre « méritant » ou exerçant des fonctions jugées importantes pour l’organisation. La contrepartie attendue est donc que le cadre doit naturellement se rendre disponible par l’outil.
Avec des outils performants, soyez performants !
En fait, tout se passe comme si, du fait de la distribution de ces TIC aux cadres, l’entreprise attendait en retour qu’ils se montrent plus disponibles, qu’ils répondent plus rapidement aux sollicitations qu’on leur envoie. Cela relève de que l’on pourrait qualifier d’une prescription de la subjectivité : puisque les cadres disposent d’outils performants, on attend d’eux qu’ils le soient également. Un nouveau modèle de l’homme au travail se dessine donc : plus rapide, plus efficace, plus résiliant, plus réactif et pro-actif aussi. A ces deux phénomènes s’ajoutent les bouleversements de l’organisation du travail, avec dans les groupes internationaux, la mise en place de plus en plus courante d’équipes multiculturelles géographiquement éclatées. Dans ces situations, les cadres doivent redoubler d’efforts pour se coordonner, et s’adapter individuellement à cette nouvelle donne.
Ces phénomènes sont vécus différemment par les cadres, en fonction de leur position dans l’organisation et de leur faculté d’adaptation. Dans la recherche que nous menons pour le compte du service Etude de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), trois profils se dégagent.
Il y a d’abord ce que nous avons appelé les cadres dépossédés ou libre-service. Cette population n’a plus le contrôle de son travail. Elle se voit constamment interrompue par des messages qui fixent de nouvelles priorités de travail ; son activité est cadencée, rythmée, saccadée par les usages et exigences des TIC. La maîtrise de leur emploi du temps leur échappe ; tâches et rendez-vous leur sont imposés sur des agendas partagés. Leur travail est également exposé aux yeux de tous au sein de « workplaces » (espaces de travail commun), et ils sont en permanence soumis à la supervision des autres, qu’ils soient internes ou externes à la structure (via le reporting quotidien sur des ERP, le suivi des procédures par les workflow, leur réactivité aux messages reçus). On parle de technologies panoptiques ; l’individu étant constamment placé sous le regard de l’organisation.
Toutefois, cette population, qui se sent dépossédée de toute capacité d’action, n’hésite pas à mettre en œuvre des stratégies de contournement ou de détournement de l’outil : fermer l’e-mail, tricher sur l’agenda, maintenir les anciennes procédures (plus adaptées aux réalités de l’activité) en parallèle du nouveau système. Se sentant dépassés, confrontés à un management à distance qui ne joue plus son rôle de filtre de l’information, ces cadres voit leur métier se transformer par les exigences de ces environnements technologiques : ils sont de moins en moins dans une activité de réflexion (qui est pourtant le cœur de leur activité), et ont le sentiment de travailler de plus en plus en mode réflexe. Dans certains cas, leur rôle se limite à celui de simples exécutants, leurs tâches à du reporting, leur fonction à de la transmission d’information. Malgré tout, leur rapport aux technologies numériques est paradoxal, car ils ont conscience des apports de ces outils en termes de performances, d’efficacité ou de simplification des communications. Travailler sans leur serait impossible.
Papillonner d’un contexte de travail à l’autre
La seconde population est celle des cadres « décadrés » ou partagés. Ils appartiennent à différents projets, s’inscrivant dans des contextes de travail variés. Le recours aux TIC accélère le basculement d’un contexte à l’autre, avec des représentations et des compétences d’activité totalement différentes. Dans l’analyse de l’activité d’une directrice de communication, nous avons ainsi montré qu’en l’espace de 11 minutes et selon les messages reçus, cette cadre pouvait alterner des rôles et des tâches très différents : en étant par exemple pendant deux minutes chef de projet, puis la minute suivante simple collaboratrice d’un autre projet ; appelée à traiter de problèmes stratégiques avec un prestataire puis gérant des tâches de bas niveau avec sa secrétaire. Ce papillonnage brouille les repères ; le cadre ne sait plus à quoi il sert, ne fait plus rien en profondeur et ne parvient plus à mettre en avant ce qui est le cœur de son métier. Au-delà de ce constat, on observe que la nature même du travail et des compétences attendues évoluent. Être expert dans son travail devient de plus en plus synonyme de maîtrise de ces outils. Le rapport à ces derniers s’est inversé et les cadres le sentent bien. L’aspect déstabilisant vient du fait que ces cadres participent peu aux changements d’outils et y sont également peu formés. C’est d’ailleurs une des surprises de notre étude, menée auprès de près de 1 800 cadres. Dans ce contexte, le challenge pour ces derniers consiste à trouver un sens, une utilité à ces outils, qui semblent sortis de nulle part, et à s’y adapter en permanence.
La troisième famille regroupe des cadres dispersés ou « glocalisés », qui se trouvent en situation de mobilité physique ou virtuelle. Ils sont amenés à être ici et là-bas en même temps : présents physiquement en réunion, tout en dialoguant virtuellement avec d’autres collaborateurs par smartphone, messagerie instantanée, sur d’autres sujets. On passe rapidement d’une sphère à l’autre, les outils permettant de réunir plusieurs espaces-temps. Aux cadres de trouver une cohérence dans cet environnement.
Technologies ambiantes : l’étape d’après
Au-delà de ces typologies, on retrouve des points communs : zapping entre des tâches de haut et de bas niveau, nécessité de s’adapter aux nouveaux outils, fragmentation du travail… Certes, la multiactivité a toujours existé chez les cadres, mais les technologies ont augmenté le morcellement et le séquencement des tâches. En 1989, Mintzberg estimait qu’un cadre consacrait de 6 à 15 minutes à une activité, avant d’être interrompu. Dans les recherches menées pour l’Apec, cette durée est descendue entre 1 minute 30 secondes et 4 minutes. Ce facteur ainsi que l’arrivée permanente de nouveaux outils sont source de stress pour les cadres. Saurais-je m’adapter ? ; saurais-je intégrer ce nouveau dispositif à mon travail ? ; quels efforts devrais-je consacrer à son apprentissage ? ; dans quelle mesure l’outil va modifier mes pratiques et limiter mes prérogatives, mes initiatives dans l’activité ? Autant de questions qui suscitent une charge émotionnelle pour ces cadres, dans un contexte d’instabilité professionnelle déjà fortement marqué.
L’arrivée des technologies dites ambiantes, c’est-à-dire des outils invisibles ou pervasifs, communiquant entre eux de manière automatique sans intervention humaine, promet le développement d’une nouvelle étape dans cette mutation du travail des cadres. Conçues pour bâtir un environnement de travail le plus adapté aux tâches de chacun – agenda déterminé par la machine, dossiers et outils de travail chargés automatiquement selon l’agenda et les priorités, équipes projet constituées en fonction des compétences repérées par les dispositifs, sélection de bonnes pratiques mises à disposition pour le travail, réseaux sociaux mobilisés dans le travail, etc. -, ces technologies réduiront encore la capacité d’initiative des individus, et influenceront de façon encore plus nette leurs comportements. On peut cependant parier que ces outils seront acceptés docilement, non seulement parce que toute une génération (appelée Y, C ou encore digital-native) a déjà l’habitude de travailler dans ces environnements dématérialisés, mais aussi par le fait que ces systèmes répondent parfaitement aux attentes des usagers : celles de les décharger d’une partie de leur activité. Mais laisseront-ils uniquement aux cadres des tâches ingrates ou leur permettront-ils de traiter des tâches plus valorisantes ? C’est là toute la question et les enjeux de l’acceptation de ces systèmes.
Méthode de déconnexion américaine
23/02/11
Une méthode de déconnexion américaine high tech :
The basic unit of work in the Pomodoro Technique™ can be split in five simple steps:
1. Choose a task to be accomplished
2. Set the Pomodoro to 25 minutes (the Pomodoro is the timer)
3. Work on the task until the Pomodoro rings, then put a check on your sheet of paper
4. Take a short break (5 minutes is OK)
5. Every 4 Pomodoros take a longer break
Cette technique révolutionnaire s’accompagne bien sûr d’appareils non moins révolutionnaires :
http://www.pomodorotechnique.com/products.html
Seul hic : le guide papier (http://www.scribd.com/doc/36672142/The-Pomodoro-Technique) fait quand même 38 pages………. Mais comment vais-je trouver le temps de lire tout ça ?
Ce qu’il y a de bon dans la déconnexion
16/02/11
Référence:
Hubert Guillaud, article mis en ligne le 27/08/2010 sur le site du Monde.
Lien:
En mai dernier, 5 neuroscientifiques américains ont passé 3 jours dans une région reculée du sud de l’Utah à faire du rafting sur le fleuve San Juan, à camper sur les plages et à faire de la randonnée dans les canyons, rapporte le New York Times (voir également l’interview de deux des protagonistes sur CNN). Contrairement aux vacances de monsieur Tout-le-Monde, celles-ci avaient un but : comprendre comment l’utilisation constante d’objets technologiques transforme notre manière de penser et de se comporter, et voir en quoi une retraite dans la nature sauvage pourrait inverser ces effets. La compréhension de l’impact sur le cerveau d’un fort usage des technologies en est encore à ses balbutiements, explique David Strayer, professeur de psychologie à l’université de l’Utah et spécialiste de la distraction des conducteurs.
Dans ce coin reculé et sauvage de l’Utah, les psychologues ont petit à petit abandonné leurs objets électroniques (ordinateurs et téléphones) et remisé leur connexion permanente. Mais le manque de connexion se fait vite sentir… A l’hôtel, avant de partir définitivement pour trois jours de randonnée déconnectée, l’un des participants, Art Kramer, directeur du Beckman Institute, un centre de recherche qui compte plus de 1000 scientifiques, allume une ultime fois son Blackberry pour prendre des nouvelles d’une importante subvention que ses équipes attendent.
La technologie redéfinit la notion de ce qui est urgent, estime l’un des chercheurs. À moins qu’elle ne redéfinisse un faux sentiment d’urgence, qui affecte la capacité des gens à se concentrer, lui répond un autre. En même temps, estime Art Kramer, les effets secondaires sont rares : pour sa part, la seule fois où la technologie l’a trop distrait était quand il était plongé dans la rédaction d’un papier sur son ordinateur et qu’il a oublié d’aller récupérer sa fille à l’école. Art Kramer essaye de se connecter pour obtenir des nouvelles de sa grosse subvention, sans plus y parvenir.
Ses collègues se moquent de sa dépendance, mais il est plus facile de voir les problèmes des autres que les siens. D’ailleurs de quoi souffrons-nous ? Dépendance ou pression ? N’est-ce pas plutôt le stress lié à ses responsabilités qui le conduit à tenter de se connecter en permanence, estime David Strayer, conciliant ?
Avant même de s’enfoncer dans le canyon, le groupe de chercheur se divise en deux clans. Ceux qui font valoir que l’utilisation des technologies peut causer de l’anxiété, inhiber la pensée profonde, et qui prennent déjà soin de se déconnecter régulièrement. Et ceux qui utilisent leurs gadgets sans réserve et partent sans être convaincus que le voyage leur apportera quelque chose.
LES VERTUS DE LA NATURE ?
Durant des moments de pause, les vacanciers discutent, notamment de l’étude de l’université du Michigan qui a montré comment les sollicitations urbaines agissent sur notre capacité d’attention. Pour autant la nature peut-elle régénérer un cerveau (et un corps) trop sollicité par le stress urbain ? C’est ce que laisse entendre une récente étude sur ce qu’on appelle déjà l’écopsychologie menée par Peter H. Kahn, montrant que l’environnement a un rôle sur notre stress et qu’un jardin ou quelques arbres sont plus reposants qu’un mur blanc ou qu’un écran de télévision. « Oui, heureusement que les vacances sont reposantes ! », ironise l’un des participants.
Au bout de 3 jours de rafting et de randonnée, petit à petit, les vacanciers sont parvenus à se détendre, cessant de vérifier continuellement le téléphone qu’ils n’avaient plus dans la poche. Art Kramer ne pense plus au mail qu’il attendait. Tout le monde est plus réfléchi, plus calme. David Strayer explique que les voyageurs connaissent une phase de détente appelée le syndrome du troisième jour. Est-ce à dire que 3 jours de repos suffisent pour revenir à notre plein potentiel cognitif ?
De retour à l’hôtel, M. Kramer récupère son ordinateur. Il a reçu 216 e-mails, mais aucune nouvelle de la subvention. Le voyage ne les a pas transformés. M. Braver a récupéré son téléphone la veille au soir, et il remarque que souvent, il se tourne vers lui au moindre moment d’ennui… « Trop souvent, je l’utilise comme excuse pour avoir un comportement peu sociable ». De retour à Saint Louis, il se promet de chercher à mieux comprendre ce qu’il se passe quand le cerveau se repose et souhaite utiliser l’imagerie médicale pour voir si les effets de la nature sur le cerveau peuvent être mesurés, voir reproduits, par la méditation par exemple.
Art Kramer quant à lui s’interroge pour savoir si le bien-être ressenti à l’issu de ces 3 jours est lié à l’expérience de la nature, à l’effort sportif ou à une combinaison des deux… Mais il reconnait également se mentir à lui-même en affirmant pouvoir écouter ce qu’il se dit pendant une réunion pendant qu’il consulte son ordinateur pendant une réunion. « Peut-être dois-je veiller à être plus attentif aux autres », conclut-il.
Sans savoir très bien comment ces courtes vacances ont eu un impact sur le cerveau, l’ensemble des participants est tout de même prêt à recommander à tout le monde de faire une petite pause de temps à autre. « Nous prescrivons bien de l’aspirine sans en connaître le mécanisme exact », conclut modestement Art Kramer.
A croire que quand il se repose, l’esprit est vraiment moins exigeant avec lui-même.
Hubert Guillaud
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