Résumé:

Après avoir connoté la nouveauté et alimenté beaucoup de fantasmes, les termes « start-up » ou « nouvelle économie » semblent désormais anachroniques. Pourquoi alors revenir aujourd’hui sur ce phénomène ? Nous nous proposons dans cet article d’étudier les principaux ressorts de la mobilisation des salariés des sociétés de l’Internet où le management veut être « fun ». Il s’agit ici de montrer en quoi la parenthèse enchantée de la « Nouvelle économie » fut un révélateur et un accélérateur des transformations du rapport à soi, au travail et à l’autorité. Fonctionnant métaphoriquement comme un laboratoire dans lequel se fabrique un « travailleur nouveau », miroir et reflet de « l’individu nouveau », autonome, mobile et instable, la start-up se donne à voir comme l’organisation « post-disciplinaire » par excellence, horizontale, réticulaire et déterritorialisée. Les principes d’autonomie et de responsabilité participent à la mise au travail des salariés et assurent leur bon gouvernement. A l’ère des start-up, les technologies diffuses de pouvoir dans l’entreprise font de l’autonomie concédée et exigée de l’individu, le pivot de la contrainte auto administrée. Sur ce plan là l’exemple des start-up continuera sans doute longtemps à être médité dans les cercles du pouvoir de l’entreprise en permanence à la recherche de formes efficaces de légitimation de la domination.

Référence:

Yannick Estienne , « La mobilisation des (net)travailleurs de la « Nouvelle économie » : gouvernement des hommes et contrainte d’autonomie », Études de communication , 28 | 2005 , [En ligne], mis en ligne le 19 janvier 2009. URL : http://edc.revues.org/index77.html.