La déconnexion volontaire aux TIC
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Ce qu’il y a de bon dans la déconnexion
16/02/11
Référence:
Hubert Guillaud, article mis en ligne le 27/08/2010 sur le site du Monde.
Lien:
En mai dernier, 5 neuroscientifiques américains ont passé 3 jours dans une région reculée du sud de l’Utah à faire du rafting sur le fleuve San Juan, à camper sur les plages et à faire de la randonnée dans les canyons, rapporte le New York Times (voir également l’interview de deux des protagonistes sur CNN). Contrairement aux vacances de monsieur Tout-le-Monde, celles-ci avaient un but : comprendre comment l’utilisation constante d’objets technologiques transforme notre manière de penser et de se comporter, et voir en quoi une retraite dans la nature sauvage pourrait inverser ces effets. La compréhension de l’impact sur le cerveau d’un fort usage des technologies en est encore à ses balbutiements, explique David Strayer, professeur de psychologie à l’université de l’Utah et spécialiste de la distraction des conducteurs.
Dans ce coin reculé et sauvage de l’Utah, les psychologues ont petit à petit abandonné leurs objets électroniques (ordinateurs et téléphones) et remisé leur connexion permanente. Mais le manque de connexion se fait vite sentir… A l’hôtel, avant de partir définitivement pour trois jours de randonnée déconnectée, l’un des participants, Art Kramer, directeur du Beckman Institute, un centre de recherche qui compte plus de 1000 scientifiques, allume une ultime fois son Blackberry pour prendre des nouvelles d’une importante subvention que ses équipes attendent.
La technologie redéfinit la notion de ce qui est urgent, estime l’un des chercheurs. À moins qu’elle ne redéfinisse un faux sentiment d’urgence, qui affecte la capacité des gens à se concentrer, lui répond un autre. En même temps, estime Art Kramer, les effets secondaires sont rares : pour sa part, la seule fois où la technologie l’a trop distrait était quand il était plongé dans la rédaction d’un papier sur son ordinateur et qu’il a oublié d’aller récupérer sa fille à l’école. Art Kramer essaye de se connecter pour obtenir des nouvelles de sa grosse subvention, sans plus y parvenir.
Ses collègues se moquent de sa dépendance, mais il est plus facile de voir les problèmes des autres que les siens. D’ailleurs de quoi souffrons-nous ? Dépendance ou pression ? N’est-ce pas plutôt le stress lié à ses responsabilités qui le conduit à tenter de se connecter en permanence, estime David Strayer, conciliant ?
Avant même de s’enfoncer dans le canyon, le groupe de chercheur se divise en deux clans. Ceux qui font valoir que l’utilisation des technologies peut causer de l’anxiété, inhiber la pensée profonde, et qui prennent déjà soin de se déconnecter régulièrement. Et ceux qui utilisent leurs gadgets sans réserve et partent sans être convaincus que le voyage leur apportera quelque chose.
LES VERTUS DE LA NATURE ?
Durant des moments de pause, les vacanciers discutent, notamment de l’étude de l’université du Michigan qui a montré comment les sollicitations urbaines agissent sur notre capacité d’attention. Pour autant la nature peut-elle régénérer un cerveau (et un corps) trop sollicité par le stress urbain ? C’est ce que laisse entendre une récente étude sur ce qu’on appelle déjà l’écopsychologie menée par Peter H. Kahn, montrant que l’environnement a un rôle sur notre stress et qu’un jardin ou quelques arbres sont plus reposants qu’un mur blanc ou qu’un écran de télévision. « Oui, heureusement que les vacances sont reposantes ! », ironise l’un des participants.
Au bout de 3 jours de rafting et de randonnée, petit à petit, les vacanciers sont parvenus à se détendre, cessant de vérifier continuellement le téléphone qu’ils n’avaient plus dans la poche. Art Kramer ne pense plus au mail qu’il attendait. Tout le monde est plus réfléchi, plus calme. David Strayer explique que les voyageurs connaissent une phase de détente appelée le syndrome du troisième jour. Est-ce à dire que 3 jours de repos suffisent pour revenir à notre plein potentiel cognitif ?
De retour à l’hôtel, M. Kramer récupère son ordinateur. Il a reçu 216 e-mails, mais aucune nouvelle de la subvention. Le voyage ne les a pas transformés. M. Braver a récupéré son téléphone la veille au soir, et il remarque que souvent, il se tourne vers lui au moindre moment d’ennui… « Trop souvent, je l’utilise comme excuse pour avoir un comportement peu sociable ». De retour à Saint Louis, il se promet de chercher à mieux comprendre ce qu’il se passe quand le cerveau se repose et souhaite utiliser l’imagerie médicale pour voir si les effets de la nature sur le cerveau peuvent être mesurés, voir reproduits, par la méditation par exemple.
Art Kramer quant à lui s’interroge pour savoir si le bien-être ressenti à l’issu de ces 3 jours est lié à l’expérience de la nature, à l’effort sportif ou à une combinaison des deux… Mais il reconnait également se mentir à lui-même en affirmant pouvoir écouter ce qu’il se dit pendant une réunion pendant qu’il consulte son ordinateur pendant une réunion. « Peut-être dois-je veiller à être plus attentif aux autres », conclut-il.
Sans savoir très bien comment ces courtes vacances ont eu un impact sur le cerveau, l’ensemble des participants est tout de même prêt à recommander à tout le monde de faire une petite pause de temps à autre. « Nous prescrivons bien de l’aspirine sans en connaître le mécanisme exact », conclut modestement Art Kramer.
A croire que quand il se repose, l’esprit est vraiment moins exigeant avec lui-même.
Hubert Guillaud
Technostress
4/02/11
Deux articles déjà anciens, mais qu’il serait peut-être justement intéressant d’aller consulter pour suivre l’évolution du regard porté sur les TIC, avaient été publiés dans l’Expansion:
- Libérez-vous de la « technopensée unique »! de Walter Bouvais et Lionel Steinmann (30/03/2000, n°618, pp.109-111)
- Etes-vous technostressé? de Florenton Collomp (04/02/99, n°590, pp. 97-99)
Les deux artciles évoquent ces outils qui empiètent sur la vie privée et dévorent notre temps en rappelant qu’ils ne sont pas forcément indispensables.
Résistez au techno-stress
4/02/11
L’article Résistez au techno-stress a été publié par Sébastien Pierrot dans l‘Entreprise n°185, le 1er février 2001.
Résumé:
Quelle angoisse, les nouvelles technologies ! Pour un salarié sur cinq, elles sont source de stress. Mais la pression n’est pas une fatalité.
Les mutations de l’organisation du travail et de la relation salariale
4/02/11
Un article intitulé Les mutations de l’organisation du travail et de la relation salariale est paru dans Problèmes économiques n°2979, le 30/12/2009 (p42-47).
Résumé:
Au cours des dernières décennies, le travail s’est considérablement transformé. La diffusion des technologies de l’information et de la communication (TIC), l’évolution du salariat et l’expansion considérable du secteur des services ont entraîné au fil du temps d’importants changements de l’appareil productif.
La multi-activité et ses appuis: l’exemple de la « présence obstinée » des messages dans l’environnement de travail
25/01/11
Résumé:
La multi-activité se distingue de la simple fragmentation des activités et la multiplication des interruptions par le fait que dans une situation de multi-activité, plusieurs actions et activités sont pertinentes au même moment, même si elles paraissent absentes aux yeux d’un observateur extérieur. Dans une perspective pragmatique, nous montrons comment la « présence obstinée » de certains artefacts dans l’environnement de travail, c’est-à-dire une persistance et une saillance qui leur est conférée par design ou dans l’usage (caractéristique par exemple des dispositifs de messagerie), tant qu’ils n’ont pas été traités, constitue un point d’appui pour la multi-activité. La « redécouverte » répétée de ces artefacts au gré de l’activité est susceptible de faire sommation et d’acquérir ainsi une capacité à « préoccuper » le sujet. La seconde partie de l’article est consacrée à une analyse vidéo d’une situation de travail, celle d’un manager qui explore son environnement pour trouver quoi faire ensuite, afin de montrer comment il est possible de mettre empiriquement en évidence la multi-activité. Dans un premier temps, l’analyse permet d’identifier deux types de ressources pour s’orienter dans des écologies informationnelles complexes : le recours répété à des gestes préparatoires (assimilables à des épreuves de tangibilité) par lesquels la personne anime un artefact et rend pertinent leur usage comme action à suivre ; des étirements et des torsions, par lesquels la personne accomplit, distribue, hiérarchise et signale des engagements multiples. La séquence d’exploration de l’environnement apparaît alors comme une chorégraphie dont le déroulement séquentiel co-produit et rend visible l’attraction lancinante que l’usage de la messagerie email exerce sur l’activité du sujet, et la résistance que celui-ci y oppose. La consultation des emails émerge comme une action pertinente au long d’une séquence par conséquent marquée par la multi-activité. Les contraintes de flexibilité et de réactivité qui pèsent aujourd’hui sur le travail se conjuguent donc aujourd’hui avec les orientations d’un design centré sur l’accessibilité et la disponibilité perceptive des artefacts dans les environnements de travail pour favoriser les situations de multi-activité. (Source: HALSHS).
Référence:
Caroline Datchary et Christian Licoppe, La multi-activité et ses appuis: l’exemple de la « présence obstinée » des messages dans l’environnement de travail, revue @ctivités, volume 4 numéro 1 28/2007,
URL: http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/32/50/81/PDF/CD_CL_activite.pdf
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